Auteur de plusieurs livres sur les interactions humaines, consultant dans la vente et le neuromarketing, Guillermo Di Bisotto a aussi vécu un profond bouleversement de son rapport au corps après un accident de voiture. Il nous explique pourquoi, en tant qu’homme, le simple fait de prendre soin de soi peut changer son rapport au monde.
Vous avez écrit plusieurs livres, notamment sur les rapports homme / femme, les interactions entre les personnes dans la famille, en couple ou au travail. Pourquoi ces ouvrages ?
J’ai eu une première vie dans le monde commercial, dans les assurances où j’étais parmi les meilleurs vendeurs. On m’a proposé une place de directeur commercial. Je ressentais le besoin d’être formé, de gagner en compétence, alors j’ai dit à mon patron « OK, à condition qu’on me paye des formations pour apprendre à gérer des équipes ».
Aucune formation n’est venue (rires), alors j’ai finalement financé moi-même ma formation en couvrant un large éventail de sujets : la négociation, la programmation neuro-linguistique (PNL), l’analyse transactionnelle, pour comprendre la notion de jeux de pouvoir, la maïeutique pour apprendre à structurer des idées, les neurosciences, etc. Je me suis passionné pour le développement personnel, la Communication Non Violente (CNV), la Séduction, etc.

Ces disciplines m’ont aidé à encore mieux comprendre comment le cerveau de chacun d’entre nous “fonctionne”, et comment nous pouvons améliorer notre relation à soi dans un premier temps, puis à l’autre dans un second.
Je constatais déjà un changement positif dans ma vie après mes formations certifiantes et au bout d’une dizaine de livres. C’est alors que la vie m’a donné la chance…oui, je dis bien la chance… d’avoir un terrible accident de voiture.
On peut trouver du positif à un grave accident ?
Il a transformé ma vie. J’ai été alité durant 10 mois, puis en convalescence pendant un an à la maison avec trois puis quatre hernies discales très douloureuse. Autant vous dire que marcher m’était très difficile. Après de longs moments sous morphine, j’ai fini par refuser les analgésiques, après avoir perdu mon sang-froid dans une situation inutilement complexe.
C’est alors que j’ai dit « Stop » et j’ai appris à dompter, à accepter la douleur sans médicament. J’ai surtout digéré toutes les leçons que la littérature pouvait m’apporter pour comprendre l’autre et moi-même.
Netflix n’existait pas encore et alité, j’ai ouvert des livres, encore et encore. J’en ai lu plusieurs centaines. Profiter du savoir et de l’expérience d’auteurs de qualité vous aide à construire une vision du monde. L’entrepreneur américain Eben Pagan dit à ce sujet que « lire ne serait-ce qu’un livre par mois pendant 10 ans sur votre domaine d’activité, fait de vous un des plus grands spécialistes de votre domaine ». Je lisais bien plus de 10 livres par mois, et j’en ai tiré un modèle d’interaction entre les individus, assez simple, en décloisonnant les disciplines.

C’était ensuite évident pour moi de partager ces découvertes dans des livres en devenant auteur. En parallèle, j’ai pris conscience de l’importance de prendre soin de son corps autant que de son esprit.
Prendre rendez-vous avec soi, avec un bain ou un soin, c’est se donner du temps pour se sentir mieux. Et forcément, cela a un impact positif sur la façon dont les autres nous écoutent et nous perçoivent.
En quoi prendre soin de soi améliore le rapport aux autres ?
Que ce soit dans le couple, au travail dans une relation avec un collègue, un patron ou un client, la relation entre deux personnes repose beaucoup sur la valeur perçue par l’autre. Cette valeur perçue est différente de la valeur réelle de ce que vous dites ou êtes. Et elle est aussi différente de celle que vous imaginez communiquer par vous-même..
Ce que l’on dit ou ce que l’on fait est important, bien sûr. Mais ce n’est pas ce vous clamez avec des mots qui compte le plus. C’est ce que déclament votre attitude, votre langage, votre apparence physique tels qu’ils sont reçus par l’autre. Car après tout, une des grandes leçons que le développement personnel m’a apportée, c’est de comprendre que ce n’est jamais le message envoyé qui est important, mais le message perçu. Globalement si l’autre ne comprend pas, c’est que vous n’avez pas été clair !
Le fait de prendre soin de soi est donc vital. Cela vous ouvre à d’autres façons de voir le monde, cela aide aussi à mieux comprendre comment votre corps fonctionne. Après mon accident, j’ai dû réapprendre à marcher. J’ai commencé un grand travail thérapeuthique qui m’a amené à pardonner le policier en civil qui a embouti la voiture de mon père à plus de 70 km/h.
L’attention portée à mon corps, à moi-même m’a fait gagner une sérénité inconnue dans ma vie d’avant. La bonne nouvelle est que s’y mettre est à la portée de chacun d’entre nous.
Concrètement, que veut dire « prendre soin de soi » ?
A chacun de faire ses propres découvertes. Pour améliorer les relations à soi et aux autres, je donne de nombreux conseils dans mes livres, à partir d’histoires réelles. A titre personnel, le fait de prendre soin de mon corps m’a encouragé par exemple, à prendre soin de mon alimentation. Ce que vous mangez a un impact sur votre santé, votre énergie et votre humeur.
Au-delà des aliments, j’ai découvert que les suppléments nutritionnels m’apportaient un surplus d’énergie et un meilleur repos. C’est factuel. En 2020, avec mes omega 3 et ma poudre vanillée du matin, j’ai pu refaire mon appartement tout seul, j’ai écrit et édité mes deux derniers livres, monté mon offre commerciale et composé 5 chansons… Cela m’aide à avoir un sommeil de grande qualité. Prendre soin de moi, c’est aussi m’autoriser des micros-siestes pour me régénérer et me recentrer à chaque fois que mon corps en a besoin.
Plusieurs soirs par semaine, en plus de la douche matinale qui me revigore, j’ai pris l’habitude de prendre un bain relaxant de 20 minutes. J’ai progressivement intégré dans mon rituel l’utilisation du miel mélangé à des huiles essentielles, etc. Pour apaiser votre esprit, vous pouvez aussi vous appuyer sur la musique. Par exemple, Youtube donne accès à des dizaines d’ambiances sonores liées à la méditation, à la médecine ayurvédique. C’est le moment idéal pour des inductions hypnotiques.
Tout cela est très reposant pour le mental. On se laisse aller à de nouvelles habitudes, comme se faire un masque par exemple. J’ai intégré à mon quotidien l’idée de faire un peu d’épilation laser pour mon torse, un gommage ou d’utiliser une brosse mécanique pour entretenir la peau du visage. Cela peut sembler déroutant pour d’autres hommes. Mais cela m’a donné une peau plus douce, et plusieurs femmes l’ont déjà remarqué. Au-delà de l’effet sur l’autre, ces moments pour soi sont devenus avant tout une source d’apaisement.
« Mieux vaut un homme qui s’épile qu’un homme qui s’efface ! »
Guillermo Di Bisotto, auteur sur les relations dans le couple et en affaires
L’idée de faire un gommage n’est pas habituelle pour la plupart des hommes, comment s’y mettre quand on part de loin ?
Il ne faut pas forcer les choses. C’est une démarche progressive. On peut comparer ça au sport. Quand on veut se remettre à pratiquer durablement une activité physique, mieux vaut se proposer de commencer par deux pompes chaque jour pour goûter au plaisir de l’effort, plutôt que s’infliger tout de suite des séances d’une heure à rythme intensif. Si on ne donne pas à son esprit et à son corps le temps de découvrir les bienfaits d’un soin, d’y prendre du plaisir, on se décourage vite et on abandonne.
Un homme pourra se mettre doucement à prendre davantage soin de lui dans la salle de bain. Le temps qu’il y consacrera progressivement sera proportionnel au plaisir qu’il en retirera. Exactement comme pour le sport. Je me suis « autorisé » à me faire un masque, et j’ai continué car j’ai trouvé que ça rendait la peau douce. Il faut donc pouvoir faire ces découvertes.
Pour mes cheveux, pour ma peau, j’ai arrêté de prendre des produits de grande consommation. Ce n’est pas parce qu’ils étaient mauvais. C’est parce que j’ai trouvé d’autres produits, peut-être un peu plus onéreux (parfois, mais pas toujours), mais de bien meilleure qualité. Il fallait juste être ouvert à l’idée de les essayer.
Aujourd’hui je ne peux pas revenir en arrière. Et vous découvrez qu’avec un produit de qualité, vous n’appuyez plus comme un dingue sur le tube ou la bouteille, mais qu’une simple noix suffit. Donc c’est peut-être parfois plus cher en apparence, par contre ça dure tellement plus de temps…
Comment rapprocher la notion de virilité et l’idée de se « pomponner » devant un miroir ?
Je pense qu’il est VITAL pour un homme d’assumer son « féminin sacré ». Cela vous permet de vous affirmer en tant qu’homme, de trouver sa place sans être obligé de s’imposer. Vous êtes juste « là ». Les personnes qui vous entourent sont plus facilement en confort émotionnel. Vous ne véhiculez plus vos peurs.
Prendre soin de soi permet l’introspection nécessaire pour en traiter la majeure partie (des thérapies sont parfois nécessaires pour les plus complexes). Les codes culturels de la société sont à prendre en compte, et je peux porter du rose tout en me sentant viril. Avant que le marketing n’ait décidé que c’était la couleur « des filles », c’était la couleur des chevaliers.
Je me sens bien plus sûr de moi, en tant qu’homme, depuis que je prends du temps ou du plaisir à me faire beau, à soigner ma peau ou mes cheveux. Pour la petite anecdote, j’ai des filles et cela aide grandement à notre communication. Ce sont même elles qui savent que papa va mobiliser la salle de bain pendant une heure le dimanche !
Cela peut sembler déroutant pour les autres hommes : avoir appris à mieux connaître mon corps et ressentir du plaisir à m’en occuper a été une découverte très positive. Cela m’a permis de me sentir bien meilleur homme, mari ou amant qu’avant mon accident.